Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des maladies psychologiques liées à la prise alimentaire. Ils touchent de plus en plus les enfants (6-12 ans) et les adolescents (12-20ans). Or il s’agit précisément d’âges où il est courant de mettre en place des traitements d’orthodontie. Les rendez-vous récurrents pour suivre le déroulement du traitement placent donc les orthodontistes en première ligne pour constater une éventuelle perte de poids ou au contraire un surpoids qui débute alors que les parents ou les enseignants qui voient les enfants tous les jours sont moins à même de noter ces légers changements.
Comment ces troubles se manifestent ils ?
On divise ces troubles en deux sous-groupes importants : une forme restrictive, selon laquelle l’apport alimentaire est gravement limité (anorexie mentale), et une forme boulimique, selon laquelle des fringales sont suivies de tentatives pour réduire au minimum les effets de cette suralimentation par des vomissements, des purgations, des exercices ou un jeûne (boulimie).
Est-ce fréquent ?
L’anorexie concerne principalement les adolescentes de 12 à 20 ans. Avec une fréquence de 1 % à 2 % de la population de cette tranche d’âge ; on compte neuf filles pour un garçon.
Les troubles boulimiques touchent 2 % à 3 % de la population féminine totale et environ 1,5 % des filles âgées de 11 à 20 ans ; on compte trois filles pour un garçon.
Forme moins sévère, le surpoids chez les enfants français est en constante augmentation. 16 % d’entre eux seraient au-dessus du poids idéal, mais la limite entre le normal et le pathologique n’est pas nette. En outre, le mode de vie familial ne facilite pas les comportements alimentaires vertueux. Les parents rentrent tard ; le réfrigérateur est en libre-service ; les enfants, livrés à eux-mêmes et confrontés en permanence à des publicités alimentaires dans les médias, mangent à toute heure biscuits chocolatés, glaces, frites, kebab, etc. Parfois, ces prises alimentaires sont peu volumineuses et ne retentissent pas sur le poids. Ailleurs, elles débouchent sur une alimentation anarchique avec pour conséquences soit prise de poids puis obésité, soit des conduites d’élimination de type vomissements, et on retombe dans l’anorexie-boulimie.
Quels sont les signes cliniques ?
Anorexie
- Perte de poids intentionnelle avec maintien d’un poids faible en dessous de la norme
- Perturbations des fonctions physiologiques (arrêt des règles, hyperpilosité)
- Pratique excessive d’exercice physique
- Restrictions des choix alimentaires avec conflits avec l’entourage
- Vomissements provoqués
- Dénutrition de gravité variable
Boulimie
- Accès répétés d’hyperphagie
- Alternance d’hyperphagies et de vomissements
En quoi l’orthodontiste est-il concerné ?
Selon la Haute autorité de santé (HAS), « plus le repérage de l’anorexie mentale est précoce, plus il est possible de prévenir le risque d’évolution vers une forme chronique et des complications somatiques, psychiatriques ou psychosociales ».
À raison d’une consultation toutes les 5 à 6 semaines, généralement pendant 2 à 3 ans, l’orthodontiste effectue un suivi de ces jeunes patients à la fois régulier et suffisamment espacé pour remarquer des changements dans leur comportement ou leur apparence (amaigrissement ou prise de poids inquiétants).
De plus, ces troubles provoquent des conséquences sur les dents et les muqueuses des patients. Des érosions dentaires consécutives aux vomissements répétés, qui sont acides, apparaissent et peuvent conduire à des destructions importantes des tissus dentaires et à l’apparition de sensibilités.
Dans le cas de la boulimie, une alimentation trop riche en sucre est à l’origine de lésions carieuses à développement rapide. Là encore, plus la prise en charge est précoce, moins les conséquences seront importantes pour le patient.
Comment se traitent les TCA ?
Ils sont pris en charge par les Psychiatres, mais le Chirurgien-Dentiste traitant et l’Orthodontiste sont souvent au cœur du processus. Ils ont le devoir d’informer le patient ou son responsable de la pathologie qu’ils suspectent de s’installer. Il ne faut pas hésiter à en parler afin de placer le patient dans un cadre multidisciplinaire où interviendront le Médecin Généraliste, le Psychiatre, le Nutritionniste, le Chirurgien-Dentiste et l’Orthodontiste.
Conclusion
Les troubles du comportement alimentaire, quelquefois très sévères, n’épargnent pas les enfants et les adolescents. Les orthodontistes jouent un rôle préventif fondamental dans leur prise en charge :
- En repérant tout changement de morphologie ou autre signe pouvant révéler un changement de comportement alimentaire.
- En expliquant aux parents les changements observés pendant le traitement.
- En prenant contact avec le médecin traitant car une bonne coordination est nécessaire pour accompagner l’enfant et sa famille dans ce moment délicat.